Brève histoire du sentiment religieux
Le terme de religion n’implique pas une croyance en Dieu, en des dieux ou en des esprits, mais se réfère à l’expérience du sacré et, par conséquent, est lié aux idées d’être, de signification et de vérité.
Mircéa Eliade
Le sentiment religieux qui habitait le primitif, le philosophe grec, le guerrier gaulois, le prêtre égyptien, le bâtisseur de cathédrales, l’homme du XVIII° siècle est le même que celui qui anime l’homme du 3° millénaire. Le sentiment religieux − avec l’Amour − était au commencement, chevillé au cœur de l’homme, « cet ange déchu qui se souvient des cieux ».
« À l’origine, dit Lucrèce, c’est la crainte qui fut la première mère des dieux » ; la crainte des hommes en face d’une nature hostile, qui commandait le feu des volcans, la colère des fleuves, la fureur du ciel. Mais cette même nature était bonne et généreuse, les nourrissait de ses fruits, les désaltérait à ses sources, les abritait dans ses flancs, les protégeait, les réchauffait. Il y avait, là-haut, quelque chose qui dépassait l’homme, qui existait avant lui et qui était plus fort que lui… Et tout ce qui dépassait son entendement était divin.
Le sentiment religieux s’épanouit pleinement au cœur de l’homme quand il comprit que tout ce qui l’entourait vivait et mourait comme lui, obéissant à une Loi universelle qui le reliait à toutes les espèces vivantes, à la création, à l’Être Suprême, à la Cause de toutes les causes, à l’Architecte, dont il ignorait le Plan. Mais il voit, il sent, il sait qu’il y a un plan, puisque l’ordre en mouvement règne dans l’univers, depuis des milliards d’années, bien avant lui, et qu’il régnera, selon la même loi, bien après lui encore.
L’homme multiplia les dieux, les créa à son image, leur donna le reflet e son époque, de sa culture, de son degré de connaissance. Il construisit des temples, des religions et des rites, appelés à disparaître avec leur temps, comme toutes les constructions humaines, pour être