Céline mort de robinson
Etude du style célinien
I « L’émotion du parlé à travers l’écrit » : une fausse oralité
A Les marques de l’oralité
1) Vocabulaire
a) simplicité pour dire la mort (« c’était une affaire où tout était nouveau » (l. 10), « il s’en allait », euphémisme, l.11), la compassion (« la grande idée humaine », l. 24), les derniers mots du mourant (« des choses », l. 37)
b) registre familier : « crever (l. 25 ; 28 ; 30), sale pilule (l.15), vacherie (l. 14), la merde (l.16), pleurnicher (l. 32), ile en bavait (l. 18), et tout (l. 10), des fois (= parfois, l. 21)
→ Ce type de vocabulaire, qui refuse le pathos, fait de la mort un événement ordinaire, ancré dans le quotidien
2) Un temps populaire : le passé surcomposé
« Quand Parapine lui a eu fait sa piqûre » (= passé antérieur : quand P. lui eut fait…)
3.) Syntaxe
a) relâchement propre à l’oral :
- « nous » remplacé par « on », tout au long du texte, « cela par « ça » (l. 6, 23) → cela permet le passage du « on » substitut de « nous » à un « on » à valeur générale (réflexions sur l’impuissance des vivants, lignes 8 à 16)
- suppression de la particule négative « ne (« on a plus guère » (l.13), « j’y arrivais pas » (l.17), « j’en avais pas » (l. 23), « j’étais pas grand…j’avais pas la grande idée » (l. 23-24)…)
- adverbe remplacé par l’adjectif (« il nous regardait, bien fixe (= fixement, l. 8)
- suppression du sujet (« faut jouir », l. 30) » → toutes ces tournures contribuent à la rapidité du récit
b) les incorrections syntaxiques - les « que » : « qu’on se dit » (= se dit-on, l. 16) ; « deux trous que j’ai retrouvés » (l. 4, au lieu de l’ordre sujet –verbe- complément, j’ai retrouvé deux trous - la tournure met l’accent sur les trous, plutôt que sur l’action, donc sur le personnage de Robinson plutôt que celui du narrateur) ; « ce qu’on a besoin » (l. 28 = ce dont on a besoin) ; « et qu’on n’oserait plus lui parler » (l. 51 =