Objet d’étude n° 2 : La figure du tyran
CAMUS, Caligula, 1944 (Acte II, scène 5)

Lorsque Caligula paraît en 1944, Camus signe par là une œuvre achevée qu’il intègre dans ce qu’il appelle le « cycle de l’Absurde » qui comprend un roman : l’Etranger, un essai philosophique : Le mythe de Sisyphe et cette pièce de théâtre. Le choix du personnage éponyme date de sa prime jeunesse lorsque, jeune étudiant brillant, il traduisit avec curiosité de nombreux passages de la Vie des douze Césars de Suétone et qu’il découvrit à travers les textes de l’historien romain des détails de la vie du terrible tyran qui nourrirent son inspiration. En effet, cet empereur décadent, célèbre par ses débauches et sa cruauté, marque la Rome antique du Ier siècle après Jésus-Christ mais aussi l’écrivain du XXème siècle dont la conscience de l’Absurde vient d’être confirmée par les horreurs du nazisme…. Ainsi, il fait de lui l’incarnation de « l’ange ou du monstre » qui se terre en chaque être humain… La pièce s’ouvre sur une crise majeure : L’Empereur, après le décès de sa sœur Drusilla avec qui il entretient une relation incestueuse, perd la tête et prend conscience de l’absurdité d’un monde où « les hommes meurent et ne sont pas heureux »… Dans l’acte II qui se situe 3 ans après, tout a basculé en lui et, après un début de règne prometteur, il ne cherche plus, à travers sa folle logique meurtrière, qu’une espèce d’absolu et de liberté qu’il n’atteindra jamais… Un complot commence à se tramer mais Caligula fait régner la terreur autour de lui comme le montre la scène 5 de l’acte II où il humilie et torture moralement les patriciens qui l’entourent…

En quoi le personnage de Caligula incarne-t-il à la fois la cruauté de la tyrannie et l’angoisse profonde de l’humanité face à l’absurde ?

I/ Un tyran cruel et décadent
A. Un tyran qui humilie les citoyens qui l’entourent
Omniprésence des pronoms première personne « Je » + « me » = omnipotence de l’empereur qui apostrophe ses sujets