Camus, la peste et ses héros
Sujet: Roland Barthes dit en 1955 à propos de La Peste que "Le fléau est presque un test expérimental, qui nous permet de voir réagir une humanité moyenne nullement héroïque."
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Albert Camus, auteur et penseur du XXè siècle, écrit en 1947 La Peste qui lui vaudra plus tard le prix Nobel de littérature. Le roman est la chronique par un médecin d'une violente épidémie de peste se déroulant dans une ville banale, ordinaire d'Algérie. C'est son contemporain Roland Barthes, écrivain et critique littéraire, qui fera remarquer à l'auteur que le fléau décrit dans La Peste "permet de voir réagir une humanité moyenne nullement héroïque". Mais les personnages de l'oeuvre appartiennent-t-ils réellement à cette humanité moyenne? Pour répondre à cette question, il convient tout d'abord d'observer l'aspect ordinaire et insignifiant des personnages, puis d'en étudier la dimension héroïque.
Les personnages du roman contrastent fortement avec l'idée que l'on se fait des héros, comme ceux présents dans la littérature épique. En effet le héros antique, Ulysse dans l'Odyssée par exemple, fait preuve d'un courage sans faille. Il est prêt à se battre jusqu'à la mort pour son idéal, même face à un adversaire à priori invincible tel que le Cyclope, ou contre un opposant de dimension divine, comme Poséidon le dieu des mers. Dans La Peste par contre certains personnages, Paneloux notamment, adoptent un comportement diamétralement opposé à celui-ci. Ainsi, le prêtre fait de la peste une punition collective devant laquelle toute lutte est inutile, l'œuvre du Dieu tout puissant qui contrairement à Poséidon ne peut être combattu. Ce discours n'est pas sans rappeler celui de Leibniz au XVIIIè siècle, il est ici critiqué à travers Rieux après l'agonie du fils Othon: "Ah! Celui-là, au moins, était innocent, vous le savez bien!". Cette critique, quant à elle, rappelle les idées de Voltaire