Voltaire publie Candide ou l'optimiste en 1759. En quête du « meilleur des mondes possibles » et de sa chère Cunégonde, Candide sillone en tout sens les mers du globe et débarque de fuites en déceptions sur divers rivages réels ou imaginaires. Au chapitre XVII, Candide, héros ainsi nommé pour sa naïveté et Cacambo son valet arrivent au pays d'Eldorado. A cette étape de leur voyage, les deux personnages ont déjà été témoins des pires horreurs. A la recherche d'un monde meilleur, ils arrivent dans ce pays idéal. Cependant, le voyage des personnages se poursuit dans les chapitres qui suivent. Nous nous demanderons dans quelle mesure Voltaire présente ici une société idéale. Après avoir montré que l'Eldorado est un ailleurs exotique, nous verrons que cette société réponds à l'idéal des Lumières. Dans un troisième temps, nous tenterons de dégager les limites de cet idéal.

I L'Eldorado, un ailleurs exotique 1) Un monde en décalage
Le monde décrit apparaît en décalage par rapport à celui dans lequel voyagant habituellement Candide et Cacambo. Dès la première phrase du texte, la mention des six moutons qui tirent le carosse de Candide et Cacambo crée une impression d'étrangeté qui renvoie au conte merveilleux. Les usages different également dans les relations sociales. Candide et Cacambo ont vécu de nombreuses tragédies et n'ont pas été bien accueillis pendant leur voyage. Au contraire, ici, il sont reçus somptueusement, les personnages qu'il n'y a dans ce pays ni cours de justice, ni parlement, ni même de prison. La manière de saluer le roi est elle aussi peut commune puisque la coutume est d'embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. Voltaire use d'un autre procédé pour créer cette impression d'étrangeté : le recours à l'indicible. 2) Un monde exotique
A cette étrangeté du monde dans lequel pénètrent Candide et Cacambo, nous pouvons ajouter l'exotisme.
Lorsqu'ils arrivent en ville, les deux voyageurs sont conduits aux bains ce qui est un usage des pays