Candide ou l'optimisme
(I. Un conte qui tient du roman)
Il est aisé de remarquer que Candide tient avant tout du conte traditionnel et du roman. Voltaire, pour attirer son lecteur, lui propose une histoire plaisante se présentant comme un divertissement.
Ainsi, le conte relate l’histoire de Candide, personnage attachant qui évolue intellectuellement et moralement au fil de ses aventures. Il attire l’attention du lecteur : héros sympathique, ardent, constant en amour (il aime Cunégonde tout au long du roman) et fidèle à ses amis. Son nom annonce son caractère, adolescent paisible et inoffensif « les mœurs les plus douces », incapable de faire du mal, beau « sa physionomie annonçait son âme », mais naïf. Il vit d’abord au château de Thunder-ten-tronckh parmi l’aristocratie dont il est issu mais d’une naissance illégitime, il admire les théories ridicules de Pangloss, mais chassé du château, il découvre l’Europe, l’Amérique du Sud, la réalité du monde et ses horreurs et termine son périple en Propontide avec ses amis où ils trouvent un bonheur simple.
Néanmoins, les péripéties du jeune adolescent à travers divers pays ne sont pas anodines. Elles constituent un voyage initiatique où Candide, plein de bon sens, évolue, lentement, vers la maturité et la réflexion. Il développe ainsi son esprit critique, et s’extrait peu à peu de l’influence de son précepteur Pangloss, dont il adoptait au départ les thèses optimistes, sans aucun esprit critique : « quoiqu’en dît maître Pangloss, je me suis souvent aperçu que tout allait mal en Westphalie ». Lors de la rencontre avec le nègre de Surinam, Candide propose alors une nouvelle définition de l’optimisme, « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal », qui souligne sa prise de conscience de la réalité. A la fin du conte, Candide est devenu un sage patriarche inversant le rapport hiérarchique social et intellectuel du début : d’une naissance obscure, enfant naturel mais d’une bâtardise relative non