Carences affectives
Durant trois années, j’ai pratiqué à un rythme d’une séance par mois l’analyse de la pratique professionnelle auprès d’étudiants éducateurs [1] spécialisés. Chaque séance est d’une durée de trois heures trente, pause incluse. Encore trop peu inscrite « dans le marbre » de la formation des éducateurs, l’analyse de la pratique professionnelle a, me semble-t-il, nécessité à définir ses contours, ses registres d’interventions, tout au moins dans le cadre d’un processus d’apprentissage comme l’est la formation d’éducateurs spécialisés.
En effet, il ne semble pas possible d’envisager l’analyse de la pratique réalisée sur le lieu de travail auprès de professionnels en activité de la même manière que celle s’adressant à des étudiants. C’est donc au long cours que se développent, lentement mais sûrement, ces séances. Débutées en seconde année de formation, elles prennent fin à quelques semaines du passage du diplôme. À partir de cette pratique de formation, je propose de dégager quelques pistes de réflexions sur un certain nombre d’items apparaissant centraux dans ce travail. Travail inscrit clairement dans le champ de la formation initiale. Pour parvenir à mes fins, j’ai réalisé une micro-recherche. Le corpus est constitué par la prise de note pendant et après chaque séance et par les écrits des étudiants chaque fin d’année. Vingt-cinq séances ont eu lieu. L’échantillon est constitué de vingt-cinq étudiants au total sur les trois années.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de s’arrêter sur une distinction d’importance. Trois terminologies ont cours dans le monde de l’éducation spécialisée. Analyse de la pratique, supervision de la pratique, régulation de la pratique. Terminologie plus ou moins « fourre-tout ». En effet, analyse de la pratique, supersivion et régulation ne semblent pas relever du même projet. J’entends par analyse de la