Carrefour
Gerry Johnson, Kevan Scholes, Richard Whittington, Frédéric Fréry
Carrefour à la croisée des chemins
Lorsqu’en janvier 2008 le groupe Carrefour annonça un chiffre d’affaires en croissance de 6,9 % pour l’année 2007, les analystes furent quelque peu rassurés. En effet, Carrefour avait subi entre 2003 et 2006 une baisse de son activité historique, les hypermarchés en France. Or, même si le groupe était fortement internationalisé (numéro deux mondial derrière l’Américain Wal-Mart et numéro un en Europe et en Amérique latine), 45,6 % de son chiffre d’affaires et surtout la moitié de son bénéfice étaient encore réalisés sur le marché français. Tout recul en France (–0,3 % en 2003) était donc perçu comme une menace. Or, depuis un ambitieux plan de reconquête amorcé en 2003, le groupe regagnait du terrain sur le marché français : +4,4 % en 2006 et +1 % en 2007. Carrefour était en fait confronté à deux enjeux majeurs : l’un à l’international et l’autre sur son marché local. La concurrence mondiale était de plus en plus vive et elle se jouait majoritairement sur le marché dont le potentiel était le plus prometteur : la Chine. Dans cette course à l’expansion, Carrefour était en concurrence avec Wal-Mart (la plus grosse entreprise du monde qui, avec une ouverture de magasin toutes les neuf heures, réalisait à elle seule 2,5 % du PNB des États-Unis), mais également avec le Britannique Tesco (dont les ventes avaient doublé en quatre ans et dont la capitalisation boursière dépassait désormais celle de Carrefour de plus de 30 %). Par ailleurs, sur ses marchés historiques, Carrefour devait affronter les groupes de hard discount, dont les Allemands Lidl et Aldi, qui avec leurs prix bas et leurs gammes étroites avaient redéfini l’offre de référence en Europe. Non seulement le hard discount connaissait une croissance continue (Lidl avait gagné 23 places dans le classement mondial des distributeurs entre 2001 et 2006), mais de plus, par