Cas danone
TRENTE ANNÉES DE POLITIQUE FINANCIÈRE DE DANONE AU SERVICE DE SA STRATÉGIE INDUSTRIELLE
PAR DOMINIQUE JACQUET*
Professeur Paris X-Nanterre, Professeur visitant INSEAD-CEDEP
De la première OPA lancée en 1968 par un jeune patron nommé Antoine Riboud à la prise de pouvoir par son fils Frank en 1996, le groupe Danone a vécu trente années d’une histoire riche en bouleversements. Cette spectaculaire réussite, le groupe a su la construire par une politique financière à long terme et par une communication en direction des marchés, à la fois récurrente et sincère, qui a largement contribué à sa forte crédibilité auprès des analystes et des investisseurs. En ce sens, l’histoire de BSN/Danone est un exemple de vision et de cohérence.
Il est courant d’entendre les collaborateurs d’entreprise gémir contre la toute-puissance de la Direction Financière et de son bras séculier, le Contrôle de Gestion, qui inspireraient l’ensemble des décisions stratégiques et opérationnelles, au nom de la sacro-sainte shareholders’ value, en privilégiant la rentabilité immédiate au détriment d’une vision à long terme. Or, il est connu que bon nombre de success stories sont le fruit d’une stratégie industrielle bien conçue et mise en œuvre à l’aide de toutes les fonctions de l’entreprise, au premier rang desquelles figure souvent la Finance. L’histoire du groupe Danone illustre parfaitement ce constat, en particulier la décennie 1980 qui a vu tripler le chiffre d’affaires de ce qui
s’appelait alors BSN. La stratégie financière du groupe a été dictée, pendant trente ans, par la vision industrielle de son président, Antoine Riboud, en parfaite coordination avec Christian Laubie, qu’il avait recruté chez Souchon-Neuvesel au début des années 1960 et qui est, encore aujourd’hui, directeur général de Danone en charge des Affaires Financières.
* Le présent article se fonde sur une recherche menée au CEDEP sur les liens entre crédibilité boursière et politique de