Catulle poème 76
Les sentiments de Catulle sont difficiles à cerner puisqu’ils sont en éternel mouvement. Cependant dans le poème 76 que nous allons étudier, le poète nous montre une évolution de ses sentiments dans un dédale poétique en 26 vers.
Dans un premier temps il faut essayer de définir quelles sont les trois parties du poème où s’exprime des sentiments différents. Dans un premier temps nous étudierons les vers 1 à 9, dans un second temps les vers 10 à 16, et enfin, les vers 17 à 26. 1) Les vers 1 à 9 : la volonté de fides
« Est homini, cum se cogitatesse pium »
Dans ce poème, Catulle parle plusieurs fois de l’humanité pieuse (généralisant son cas). Le poète pose la question de la « vrai parole » et du discours vrai en poésie. En effet, comme celui-ci a pu le dire dans d’autres poèmes, la parole trompeuse n’accède pas à l’existence poétique. Ainsi seul l’amour éprouvé accède à la dignité poétique, avec une unité entre l’auteur, le personnage et la douleur consacré. Catulle a respecté les règles de la fides et il le dit explicitement dans le carmen 87 « Nulla fides nullo fuit umquam foedere tanta »
« Nec sanctam … homines » v. 3 à 5. Ainsi, Catulle parle de la fides caractérisant le couple idyllique (la fides acme du poème 45). Dans ce poème, la fides apparait comme une valeur constitutive de la morale catullienne dénonçant les amants parjurés (et dans le poème 77, l’amitié trahit). Le poème 109 appelle le triomphe de la « sacro-sainte amitié » (sanctum…amicitiae) pour que l’unité du couple dépasse les désirs de chacun. Ainsi, Catulle se pose comme novateur de la volonté de fidélité, qui est plus qu’une amitié et plus qu’un mariage. Comme dans le poème 109 où Catulle affirme que l’amour est le dépassement de la mort (aeternum…foedus). Ainsi la fides pour ce poète représente bien un attachement supra-sensoriel hors des limites du temps terrestre (présente aussi dans le poème 70 dans lequel on se rend compte qu’il sait qu’il n’aboutira jamais