Ce corpus est constitué de trois extraits de trois pièces de théâtre. Le premier est tiré de l’œuvre antique de Sénèque, Thyeste. Le second est extrait d’Andromaque, une œuvre classique écrite par Racine en 1667. Enfin le dernier est un passage de Forêts, une pièce contemporaine écrite par Wajdi Mouawad en 2006. Ces trois extraits se situent à la fin de leurs œuvres respectives c’est-à-dire au dénouement. Ils ne présentent pas de thème commun et n’appartiennent pas ni à la même époque ni au même courant littéraire mais cependant nous nous demanderons quelles sont les caractéristiques qui font que ces trois textes relèvent du tragique malgré leurs apparentes différences.
En premier lieu dans les pièces de Racine et Sénèque les personnages sont puissants et hors du commun. En effet Hermione est fiancée au roi d’Epire, Pyrrhus, et Thyestre et Atrée sont des jumeaux descendant des Dieux. Tandis que dans la pièce de Mouawad, Ludivine et Sarah sont presque des femmes comme les autres à la différence près qu’elles font partie d’un réseau de résistants. Pourtant chacun des personnages principaux est confronté à une fatalité venue, pour Ludivine et Sarah, du destin « Et alors, toi et moi, moi et toi, on aura tordu le cou au destin […] » ; ou alors pour Thyestre de la Nature qu’il implore : « Ô Terre ! Peux-tu supporter un si monstrueux forfait ? » ; ou encore pour Hermione, de sa passion, de son cœur : « Ah ! ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? », « Mon cœur, mon lâche cœur s’intéresse pour lui ! ». ??????????? Ainsi ils se heurtent tous à un dilemme. Chacun de ses dilemmes est mis en valeur par de nombreuses questions rhétoriques. Chez Racine comme chez Sénèque elles traduisent le trouble des personnages, leur incapacité à poser des mots sur leurs sentiments, leurs actes : « Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?», « Quel est ce trouble qui agite mes entrailles ? Que sens-je trembler dans