Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre
La Lituanie, ce petit pays balte, coincé entre le géant soviétique à l'est et l'Allemagne expansionniste d'Hitler, tout comme l'Estonie et la Lettonie, a été envahie par la Russie en 1939, en vertu des accords secrets du pacte de non-agression germano-soviétique qui prévoyait le partage des États tampons situés entre ces deux puissances.
Il ne faisait alors pas bon clamer haut et fort, et même plus discrètement, son opposition à cette présence.
Les Russes dressent des listes de personnes considérées comme étant des éléments antisoviétiques socialement dangereux et nuisibles. "Les médecins et les avocats, les professeurs et les écrivains, les musiciens, les artistes et même les bibliothécaires, les soldats de carrière et les hommes d'affaires étaient tous considérés d'office comme antisoviétiques et furent ajoutés à la liste toujours plus longue des victimes d'un projet d'extermination massive" (extrait des notes de l'auteur p. 417). Les intellectuels, au sens large, ainsi que des hauts fonctionnaires et des militaires ont été emprisonnés, exécutés, puis déportés en Sibérie à partir de 1941.
Ceux qui n'ont pas vu la menace venir et qui n'ont pas pu fuir à l'étranger sont alors raflés par le NKVD en juin de cette année, quelques jours avant que l'Allemagne, en violation du pacte signé en 1939, envahisse à son tour la Lituanie...
Ainsi, Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre s'ouvre sur cette rafle. Lina, 15 ans, que tout promettait à de brillantes études de dessin, son petit frère Jonas et leur mère Elena doivent quitter leur maison en catastrophe. Juste le temps de prendre une valise avec deux, trois habits. le père, doyen de l'université