Ce que dis elsa
L’amour constitue un motif privilégié pour les surréalistes dans la mesure où ils le brandissent comme une véritable valeur, susceptible de contribuer à la libération de l’homme. C’est cet amour fou que célèbre Paul Eluard dans ce poème intitulé « La courbe de tes yeux », publié dans le recueil Capitale de la douleur en 1926. Ce poème se présente en effet comme un hommage à Gala, son épouse, mais il est également l’occasion pour le poète de révéler sa conception de l’amour.
I) L'éloge des yeux
a) Un blason (= poème qui fait l'éloge d'une femme par un détail physique): C'est un éloge insolite courbe des yeux mais aussi courbe du regard. On trouve un champ lexical très riche.
• Dénotation claire de la courbe: "tour", "courbe", "rond", de la figure géométrique du cercle, de l'ondoiement de la courbe.
• Connotation poétique: "feuilles", "gouttes de rosées", "les roseaux", "les ailes", "astres", "bateau", "berceau", "danse". Ce sont les yeux qui sont au centre mais on retrouve aussi les lèvres.
b) Structure circulaire du poème: Tout dans ce poème est ondoyant.
• Le vers 15 revient au vers 1 il ferme le poème par un retour au vers 1. On remarque un chiasme entre ces 2 vers.
• Beaucoup d'assonances en [ou] courbe. Ce ne sont pas les seuls jeux mélodieux ([r].....)
• Cette cadence circulaire est aussi marquée par la fantaisie des rimes, qui sont souples comme une courbe.
Toute cette structure formelle du poème suggère l'ondoiement heureux du regard.
c) Pouvons-nous discerner dans ce texte des éléments descriptifs de l'œil ? • Jaillissement d'images opposées les unes à la courbe des yeux, les autres aux yeux purs.
• couleur : "feuille" et "mousse" vert // "Ciel" et "mer" bleu/gris // "Feuille de jour" quand les paupières se lèvent Gala voit le jour // "Ailes" paupières //