Ce que je suis
Saint Augustin, La Cité de Dieu, XI, 26. « Il est trop tard. Je me suis fait à mon métier. Le vice a été pour moi un vêtement ; maintenant il est collé à ma peau. »
Lorenzaccio, III, 3. Introduction
Pris comme sujet libre d’effectuer toutes les opérations de l’esprit en tant qu’elles se conforment à ce que serait l’exigence rationnelle de l’esprit, je ne peux qu’être amené à concevoir que, s’il est bien un objet sur lequel puissent s’appliquer ces connaissances, c’est précisément le moi dont elles émanent et qui préside à leur avènement. Mais cette certitude première et apparemment la plus évidente ne peut-elle pas en vérité, comme l'expérimente dans la douleur le héros du Lorenzaccio de Musset, être un voile qui masquerait, même à le draper dans toute sa magnificence, le vide qui serait le plus fondamental quand le moi tente de se retrouver lui-même et de se saisir dans le prisme de sa propre faculté de perception ? Finalement, ne peut-il pas y avoir rien de plus étranger au moi que le moi, précisément au nom de l’unité primordiale qui le caractérise ?
Il s’agit de savoir, pour tout sujet digne de ce nom, s’il peut être lui-même à son origine, s’il peut constituer son propre principe ou si c’est au contraire quelque chose d’extérieur, de différent, qui vient le fonder. Mais alors, dans l’optique où la seconde hypothèse serait retenue, qu’en est-il de cet autre qui, tel le Dieu cartésien de la III° Méditation me fonde ? Par là même ne me fixe-t-il pas, ne me fige-t-il pas ? Où demeure ma liberté si ma connaissance passe essentiellement pour la différentielle d’un rapport qui viserait à aboutir au moi comme résultat d’un