CELINE, Voyage au bout de la nuit (1932) ,commentaire
Le roman de Louis-Ferdinand CELINE (1894-1961), Voyage au bout de la nuit met en scène un personnage commun, Ferdinand Bardamu, aux prises avec les grandes questions de son époque : la guerre de 1914-1918 dans laquelle il s'engage, et dont il découvre les horreurs, le colonialisme, le modernisme, le progrès. De malheur en déchéance, le héros malmené par les événements, découvre le monde et le fait découvrir aux lecteurs, avec une ironie et un cynisme grinçants. Le roman est écrit à la première personne, dans une langue volontairement crue et familière. Au début du roman, Ferdinand Bardamu, engagé volontaire, participe à la guerre de 1914. Envoyé au front, il mêle au récit de ce qu'il observe des remarques acerbes sus sa propre incompréhension, sur l'absurdité de la guerre et sur le comportement de son colonel. L'extrait donné ici est constitué par un ensemble de réflexions qui conduisent à une évocation réaliste et critique de la guerre. Elle est en effet présentée comme « une croisade apocalyptique ».
I/ Les réflexions et les interrogations du narrateur
Ecrit à la première personne, le texte rapporte les réactions du narrateur et le résultat de ses réflexions. On peut le remarquer à la nature des verbes et à la ponctuation.
1/ Des verbes de réflexion à la première personne
Les verbes utilisés par le narrateur, à la première personne, ne sont pas des verbes d'action mais de pensée : « j'en étais assuré », « jamais je n'avais senti », « je conçus », « pensais-je », « je le concevais ». Leur utilisation souligne que le narrateur est en situation d'analyse de ses propres pensées, avec un décalage dans le temps, et qu'il exerce sur ce qui l'entoure une réflexion critique dont il donne au lecteur le résultat. Il rapporte ce qui lui vient à l'esprit, et la manière dont il tente de répondre à ses propres incertitudes.
2/ De nombreuses interrogations et exclamations
Le texte comprend de