Censure du cinéma au québec
La censure du cinéma peut s'exercer de multiples façons.
Les plus visibles sont celles qui sont exercées par le pouvoir politique de l'État, mais il y a aussi, dans celles qui sont presque aussi visibles, celles qui sont pratiquées par des pouvoirs parallèles comme les églises ou les armées. Celles-là sont faciles à reconnaître parce qu'elles s'exercent publiquement.
D'autres formes de censure sont moins apparentes, par exemple celle qu'exerce un distributeur qui refuse de diffuser un film qui ne correspond pas à ses idées politiques ou morales. Ou celle qui s'exerce sur les scénarios, comme le cinéma américain nous en a donné des milliers d'exemples pendant quarante ans. Ou encore les contraintes du producteur, souvent un gestionnaire qui ne connaît presque rien du cinéma, qui ne cherche que le profit et qui peut saboter tout ce qui ressemble à du cinéma d'auteur. Par exemple, au Québec, devant le succès énorme remporté par une comédie, Les Boys de Louis Saïa, il y a eu Les Boys 2, Les Boys 3, Les Boys 4, qui reprennent la même formule à succès; il y a même eu une série de télévision qui a suivi et qui en est à sa troisième saison.
Pour compliquer encore un peu les choses, rappelons cette distinction apportée par Roland Barthes : «Il y a deux formes de censure : premièrement, celles qui proscrit des œuvres ou des contenus culturels, et, deuxièmement, celle qui prescrit un discours.» En d'autres mots, il y a la censure qui empêche de parler et celle qui impose ce qu'il faut dire, une sorte de discours officiel. Ici, le cinéma n'a rien inventé. Il y a eu, bien longtemps avant, l'Index Librorum prohibitorum imposé par Rome pendant plus de quatre siècles. En français le plus célèbre des manuels pour la censure des livres, celui de l'abbé Louis Bethléem, qui va sévir pendant une soixante d'années, s'appelle précisément «Livres à lire, livres à proscrire», ce qui représente exactement les deux volets proposés par Barthes. Mais