Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée
Boris Vian disait à propos d’une de ses œuvres : « Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée . »
Acceptez-vous et appréciez-vous une aussi souveraine liberté du romancier ? Ou préférez-vous des ouvrages où le rapport avec le réel soit plus manifeste et plus simple ? Illustrez chaque point de votre réponse d’exemples précis.
Chaque individu possède son propre rapport à la réalité, sa propre vision du monde réel. Celui que possédait Boris Vian était sans doute excentrique et hors norme, expliqué par l’enfance irréelle qu’il vécut et par l’attention étouffante que lui porta sa mère. Né en 1920 dans une riche famille parisienne, il souffre dès douze ans d’une maladie cardiaque. Prévoyant qu’il ne franchirait pas la quarantaine, il vit dans un univers parallèle où l’on festoie toute l’année sous fond de musique jazz. C’est dans cet esprit là qu’il cita : « Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée. »
Vian attaque fort, mais toute histoire n’a-t-elle pas sa part de vérité ?
Nous pouvons nous interroger sur le sens du mot «vrai », réellement remis en question par Boris Vian. Selon lui, il s’agit d’un accord avec son propre sentiment de la réalité, sa propre vérité. Alors « Qu'est-ce que la vérité ? Il y a la tienne, la mienne et celle de tous les autres. Toute vérité n'est que la vérité de celui qui l'a dite. Il y a autant de vérités que d'individus », citait Eric-Emmanuel Schmitt dans “l’Evangile selon Pilate“. La vérité ne correspond qu’à notre perception même, à l’exploitation de chacun de nos sens. Quelque aveugle n’aura pas la même vérité du monde que le commun des mortels, car il sera privé d’un des sens qui lui permettra d’établir une vérité autre.
Cette perception de la vérité est notamment retrouvée dans les romans de science-fiction où l’auteur invente une part de sa vérité, comme en témoigne la célèbre saga de Christopher Paolini, “L’Héritage“. Dragons, monstres et compagnie ne peuvent que sortir de l’imagination, mais