Chagrin d'école
Daniel Pennac est né au Maroc en 1944. Il grandit en Afrique et en Asie du sud, puis obtient sa maîtrise de lettres à Nice et commence par être professeur dans un collège de Soissons .Auteur de nombreux livres à succès, il a reçu le prix Renaudot en 2007 pour « Chagrin d'école ». En 320 pages, l'ancien dernier de la classe devenu enseignant et romancier célèbre raconte son désarroi et son calvaire passés, cet « avenir réduit à rien », l'angoisse des parents, en faisant la part belle aux anecdotes attachantes et à son expérience de professeur. « Chagrin d'école » n'est pas un livre de plus sur l'école à proprement parler, l'école qui change avec la société. C'est un livre sur ce qui n'a jamais changé, malgré tous les bouleversements : « la douleur partagée du cancre, des parents et des professeurs », la « douleur de ne pas comprendre et ses dégâts collatéraux ».
I. La poubelle de Djibouti statistiquement tout s’explique, personnellement tout se complique
Daniel Pennac évoque ses souvenirs de mauvais élève. Dernier-né d'une fratrie de quatre, il était le vilain petit canard de la couvée, un « objet de stupeur » en « état d'hébétude scolaire ». Tout le monde comprenait tout plus vite que lui et il ne parvenait pas à retenir quoi que ce soit. Il raconte une promenade avec son frère sur le bord de la rivière de leur enfance où ils reviennent sur le passé du cancre qu'il fut. « Les mots du professeur ne sont que des bois flottants auxquels le mauvais élève s'accroche sur une rivière dont le courant l'entraîne vers les grandes chutes ».Les majuscules étaient pour lui des barrages qui vouaient le mot concerné à un oubli instantané.
Il cherche les causes originelles de sa cancrerie, mais pas d'explication dans l'historique familial. A six ans, il est tombé dans une décharge à ciel ouvert à Djibouti, mais ce n'est qu'une occasion à la métaphore : l'élève perdu se sent un déchet. La peur fut en tout cas le verrou de sa