Charles baudelaire l'albatros
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Introduction : Charles Baudelaire, un écrivain du romantisme maudit par les gens de son siècle à cause de ses œuvres qui sont en dehors ou contre les conventions de la société. Nous tenons entre nos mains un extrait de son célèbre recueil « Les Fleurs Du Mal » intitulé « L’albatros ». Dans ce poème régulier composé de quatre strophes comprenant quatre vers avec des rimes croisée chacune. Les vers sont souvent des alexandrins. La conception qui oppose les deux mondes (la mer et le navire) transparait dés notre première lecture c’est pourquoi nous nous y intéresserons en premier lieu, puis nous verrons la construction judicieuse du poème et en final nous nous pencherons sur les allégories qui submergent le poème.
Deux conceptions du monde qui s’opposent : Lors d’une première lecture, on trouve que l’auteur oppose deux conceptions différentes, pour ne pas dire opposées, du monde. En effet, deux espaces sont confrontés ; le ciel qui est le royaume de l’albatros et le pont du bateau qui est celui des hommes. Pour les confronter, l’auteur oppose deux dimensions : un espace infini et ouvert ‘’vaste’’V2,’’mers’’V2