Chine : bilan social contrasté d’un formidable essor
Nhu-Nguyen Ngo
L
’essor remarquable de l’économie chinoise se traduit par des taux de croissance très élevés, une intégration rapide dans le commerce international et une influence grandissante sur l’économie mondiale. Cette belle performance économique s’accompagne aussi d’une augmentation des déséquilibres internes, sectoriels, financiers et sociaux. En effet, les inégalités se creusent entre les zones urbaines et rurales, tant au niveau du revenu que sur le plan de l’éducation ou de la santé. Les inquiétudes récurrentes sur la stabilité sociale se sont intensifiées avec la multiplication et le durcissement des mouvements sociaux ces dernières années. Reflet d’une tension sociale latente qui s’accumule et s’amplifie chez les populations défavorisées ou oubliées de la croissance, ces mouvements sociaux préoccupent de plus en plus les autorités chinoises qui craignent que cette instabilité sociale ne fragilise le régime en place.
exportations chinoises représentaient 7% des exportations mondiales, derrière les Etats-Unis (9,5%) mais devant le Japon (5%).
… accompagné de déséquilibres internes importants Néanmoins, en dépit d’une étonnante régularité des taux de croissance (excepté en 1990 à 3,8%, au lendemain des évènements de Tiananmen), la nature des cycles économiques a changé. Les précédents cycles (début des années 1980 et début des années 1990) étaient principalement menés par la consommation, tandis que le cycle actuel est essentiellement porté par l’investissement. Le caractère massif de ces investissements a fait naître des inquiétudes sur la qualité de la croissance. L’existence de surcapacités dans certains secteurs suggère de larges ajustements sectoriels à venir. Elle augmente la vulnérabilité du tissu industriel à un ralentissement de la demande. Le financement par le crédit d’une grande partie de ces surcapacités fragilise les banques. Ces dernières sont déjà grevées par un montant