Chut c'est un secret
Une petite commune à mi-chemin entre la ville, la mer et la campagne. Bourgade, encore à dimension humaine, où tout le monde se connait et y vit simplement et, là, un petit port de pêche où, le dimanche après-midi, c’était la promenade traditionnelle. Nous sommes dans les années 1930, derniers jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine pris conscience parce qu’elle était notre manière toute simple de respirer et de penser, d’aller et venir, de vivre en quelque sorte. Dans ce paysage, un homme y a laissé une trace ineffaçable.
Il s’appelait Léon. A quelques mètres du rivage il occupait une modeste cabane de quelques mètres carrés. Des murs en pierre, un toit en vieilles pierres de schiste, pas de fenêtre et une seule porte branlante, à deux vantaux, qui laissait passer l’air et la lumière ; les jours de tempête elle craquait et gémissait de partout. Quand elle était ouverte, le passant y apercevait une « caverne d’Ali baba ». Il y avait de tout : du matériel de pêche, des filets, un véritable bric- à -brac. Tout au fond un lit, une table, un vieux poêle et deux chaises que quelques personnes charitables lui avaient donné.
Un peu hors du commun, malgré son air bourru, cet homme était attachant et beaucoup de gamins, équipe de jeunes « Pirates » biens sympathiques, venaient le voir et discuter avec lui. Il savait les faire rêver, leur parler de rivages exotiques. Pour lui, c’était un moment de bonheur. Il vivait d’une très petite pension et, malgré ses maigres ressources, il aimait partager avec eux bonbons ou gâteaux qui lui étaient offerts.
De taille moyenne, les cheveux gris, coiffé d’une casquette Pilote, il portait le plus souvent des bottes ou des sabots. Des tatouages de différentes couleurs couvraient ses bras. Il aimait les montrer, ils faisaient partie de lui, de sa vie. Sa vie, son passé, qu’étaient-ils ?
C’était devenu la véritable préoccupation des curieux, des suppositions étaient avancées. Seuls quelques amis sûrs en