Ciceron, de oratore
Je ne veux pas que l'orateur détache les lettres avec trop d'affectation, je ne veux pas qu'il les prononce confusément ; je ne veux pas que les mots sortent prononcés faiblement, je ne veux pas non plus qu'ils soient exhalés trop gravement ou enflés.
Il est en effet des vices certains que tout le monde désire fuir, éviter : une voix molle ou efféminée, ou presque trop éloignée du son attendu, dissonante. Or il est un certain défaut que quelques uns poursuivent de propos délibérés : une voix rauque et simple charme certains, d'autant plus que leurs discours semblent détenir plus d'ancienneté s'ils résonnent ainsi ; comme par exemple ton compagnon L. Cotta me semble se complaire dans la lourdeur de la langue et le son rauque de la voix, et il pense que ce qu'il dit sera antique s'il est rustique.
Ton timbre me plaît et ta subtilité même ; je te laisse de côté la grâce du style, bien que ce soit le plus important, mais cela c'est une formation méthodique qui l'apporte, c'est la culture qui l'enseigne, et l'habitude de lire et de parler le confirme ; mais je parle de cette douceur, de ce charme qui sort de la bouche qui est propre à cette ville dans le discours latin de même que chez les