Clivage europhiles-eurosceptiques
Puisque l’étude de cet atelier porte sur «les évolutions de notre système de valeurs», il paraît pertinent de s’attarder sur la possibilité d’un balayage progressif du clivage gauche/droite par le clivage europhiles/eurosceptiques à l’approche des prochaines présidentielles. Le protectionnisme transcende les partis
En effet, la crise que traverse l’Europe a fait émerger deux notions qui, du fait du climat anxiogène voire de panique, prennent davantage de consistance dans l’opinion publique : le protectionnisme et le souverainisme. Une enquête révélée par l’économiste et historien Emmanuel Todd indiquait que 53% des sondés étaient favorables au protectionnisme ; d’ailleurs, les plus fervents supporters du concept étaient les 18 - 24 ans avec 67% pour contre 19%1 (qui voteront, pour certains d’entre eux, pour la première fois en 2012 !). Quant au souverainisme, il suffit de regarder les sondages qui voient les intentions de vote en faveur de Marine Le Pen osciller entre 16 et 22%. Avec cette crise, les eurosceptiques semblent avoir le vent en poupe car tous ce qu’ils ont prédit se réalisent (chômage, accroissement de la dette, perte des acquis sociaux...) et leurs indignations sont similaires à celles ressenties par le peuple si l’on se fie aux sondages (voir le constat en fin de papier). Ce qui fait penser que le clivage gauche/droite tend à disparaître, c’est cette «surprise Montebourg» lors des primaires socialistes. Voilà un candidat qui, dans un parti ayant entériné depuis 30 ans le libre-échange comme modèle, dit fermement qu’il s’y oppose et propose une démondialisation2 , passant notamment par un dialogue «amicale mais ferme» avec l’Allemagne3. Nous sommes loin de l’entente actuelle entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Pour le moment, le député de Saône-et-Loire soutient le candidat socialiste, espérant sans doute, si son parti arrive au pouvoir, être en mesure d’incliner l’action gouvernementale. Mais en cas