« Colloque sentimental » est le dernier poème de « Fêtes Galantes » de Paul Verlaine. Ce recueil, sorti en 1869, est fortement inspiré (titre et contenu) par le tableau « Fête galante » du peintre Antoine Watteau. Brève parenthèse : il faut préciser que ce peintre du XVIIIe (époque Louis XV) a influencé beaucoup d’autres artistes et de poètes comme Charles Baudelaire, au XIXe siècle, qui lui a même rendu hommage dans l’un de ses poèmes. Son esthétique était nouvelle car après des années d’austérité (architecture, peinture), il a amené un style empreint d’une légèreté, d’une frivolité, d’une théâtralité, d’une fantaisie propre justement aux « Fêtes Galantes », reflet d’une société élégante qui recherchait la grâce, la frivolité, le confort et la beauté, et a été une grande source d’inspiration pour les poètes. Verlaine s’est inspiré de cette esthétique puisque le recueil est axé autour des fêtes galantes. S’il commence par des poèmes plus optimistes, cet optimisme va decrescendo au fur et à mesure que l’on avance dans le recueil, pour finir par « Colloque sentimental », poème mélancolique aux accents morbides, qui clôt le recueil, et n’est pas sans rappeler les fins de fêtes, lorsque le silence se fait, que les invités sont partis, et que l’ivresse retombe, laissant celui qui l’organise dans sa solitude..
Nous verrons comment Verlaine, par la morbidité, métaphorise la mort de l’amour.
D’emblée, le poème débute par un paradoxe : celui du titre, Colloque sentimental. Il y a une opposition entre les deux termes. Si le mot sentimental fait appel, évidemment aux sentiments, évoque l’amour, donc une certaine chaleur, une certaine passion, et un nombre de participants restreints (en général deux) le mot colloque, lui, désigne une réunion, souvent professionnelle, donc une certaine distance, une certaine froideur entre les participants, en général très nombreux. Ca paradoxe est annonciateur des différences de sentiments entre les deux personnages.