Colonies
(1972)
Oscar du meilleur film étranger en 1973, ce film du réalisateur espagnol Luis Buñuel est parti d’une histoire véridique vécue par le producteur de Luis Buñuel. Il s’était en effet absenté un soir, oubliant avoir invité des amis à dîner chez lui, et contraignant son épouse à improviser un repas, en robe de chambre et l’estomac déjà plein... Cette anecdote inspira au cinéaste un scénario simple : un groupe de bourgeois passe de réception en réception, sans jamais parvenir à se mettre à table, pour des raisons plus farfelues les unes que les autres. Ce récit mondain est une accumulation de songes troublants, où se mêlent les obsessions de Buñuel (l’armée, l’Eglise, le sexe). L’Age d’Or ou Un chien andalou où abondent les évènements loufoques sont le fruit des songes que le réalisateur prenait soin de relater dans un carnet. C’est ainsi qu’il mit en forme ces films surréalistes.
Monsieur et Madame Thévenot, Florence, et Don Rafael sonnent à la porte d’une belle maison bourgeoise où ils sont reçus par Alice Sénéchal. Cette dernière se déclare alors stupéfaite de cette visite à l’improviste. Les Thévenot le sont tout autant : ils étaient pourtant certains d’avoir été invités ce soir-là mais Madame Sénéchal continue d’affirmer le contraire. Et c’est sur ce quiproquo que se déroule toute l’histoire. Les convives et Madame Sénéchal tenteront de manger ensemble chez les Sénéchal mais aussi au restaurant, sans y parvenir. Ils n’arriveront même pas à boire un verre dans un salon de thé, ce qui leur posera d’insurmontables problèmes. Les raisons les plus improbables les empêcheront de « venir à bout » de cette action on ne peut plus banale : veillée funèbre, rupture de stock de thé et de café, intervention de l’armée, arrestation par la police, attaque à main armée par des terroristes... Des personnages à l’image des événements font également leur apparition : un évêque reconverti dans le jardinage, un lieutenant obsédé