Commentaire andromaque, acte iii, scène 8
1. Situation du texte
Comme plus tard Iphigénie, les premiers spectateurs d'Andromaque apprécièrent l'efficacité pathétique de cette pièce, son pouvoir de faire couler les larmes. C'est qu'en effet, le chant funèbre, les lamentations de l'héroïne éponyme y constituent un attrait aussi marquant que la fureur finale d'Oreste. Ces deux tonalités contrastées habillent d'une aura tragique la chaîne amoureuse (Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector - qui est mort), inspirée des pastorales contemporaines, ces romans d'amour entre bergers et bergères, qui imprègnent l'imaginaire sentimental de l'époque.
Pendant plus de deux actes, le sort du petit Astyanax et le devenir d'Andromaque semblent totalement dépendre des caprices du sauvage Pyrrhus : Racine ne s'écarte pas de la figure légendaire du prince cruel et instable, dont les décisions autoritaires s'inversent au gré de son humeur. Mais continuer ainsi serait ôter tout rôle tragique à son Andromaque ; la dernière scène de l'acte III est donc l'occasion de recentrer le conflit tragique sur sa personne, de la rendre maîtresse d'un impossible choix, de lui faire trancher une douloureuse alternative.
2. La plainte funèbre d'Andromaque
Au premier acte (scène 4), le spectateur a découvert Andromaque dans une disposition d'esprit intraitable, voire ironique (v. 270-272), et développant un discours habile, méthodique, pour exposer sa résolution de mourir elle-même et de voir mourir son fils, plutôt que de céder aux avances de Pyrrhus.
L'acte III la lui montre très différente, parce qu'on croit alors la mort d'Astyanax imminente : scène 6, Andromaque s'humilie d'abord aux pieds de Pyrrhus (v. 915-916), le suppliant de sauver son fils, et scène 8, elle se laisse miner par des souvenirs hallucinatoires, sa volonté brisée, prononçant un discours envahi par des voix étrangères et butant sur des questions insolubles.
Dans la première tirade,