Commentaire andromaque iii 8
Nous sommes en présence d'une tirade d'Andromaque, figurant dans la scène 8 de l'acte III de la pièce de théâtre éponyme de Racine, écrite en 1667. Il s'agit là d'une tragédie, la première que Racine écrivit. Andromaque se situe dans l'Epire et fait référence à la guerre de Troie et à l'Histoire de la Grèce antique. Jean Racine lui-même avoue s'être inspiré de L'Iliade d'Homère et de l'Eneide de Virgile. Ces vingt vers sont intéressants car ils nous présentent la psychologie résignée d'Andromaque, jusque là floue et tiède, mais aussi un tableau (historique ou fictif), celui de la chute de Troie. Chute de Troie, qui, puisqu'elle est affreuse, va donner la justification d'Andromaque à refuser l'union proposé de Phyrrus. Ce monologue est en sommes une délibaration de la part d'Andromaque. Que doit-t-elle faire ? Cette réflexion à haute voix nous offre toutes les données pour comprendre son futur choix, quel qu'il soit. Dans un premier temps nous verrons la présence de trois registres différents, et ce qu'ils apportent. Ensuite, dans une seconde partie, nous traiterons de la délibaration d'Andromaque face au dilemme que lui impose Phyrrus, et de la chute de Troie, nous verrons qu'elle aura une incidence certaine sur le choix, ou sur l'hésitation, d'Andromaque.
Le monologue d'Andromaque ressort essentiellement du registre tragique. On reconnaît le tragique à ses thèmes, qui sont la mort, la souffrance, la faute et la conscience que le héros a de son malheur. Mais aussi à l'écriture, qui jouit d'un niveau de langue élevé – ici l'alexandrin domine – et recourt aux phrases exclamatives et interrogatives pour exprimer l'émotion. "Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert échauffant le carnage." vers 1001-1002 résume tout le tragique, tout le pathétique aussi, de cette tirade. Le champ lexical de la terreur est dans ce monologue très fourni : funérailles, ensanglantant, étincelnts, frères morts, sang, cris des mourants,