En 1946, la France sort de plus d’un siècle et demi d’instabilité constitutionnelle. Marquée par une longue IIIè République témoignant d’une instabilité parlementaire, une succession de gouvernements ainsi qu’une période dictatoriale illustrée par le régime de Vichy durant la deuxième guerre mondiale, la France doit se désormais se doter d’un nouveau gouvernement efficace. En juin 1946, un premier projet de constitution pour la IVè République est désapprouvé par référendum. Le Général de Gaulle, qui vient de démissionner du poste de Président du Gouvernement Provisoire de la République Française, énonce le 16 juin de cette même année un discours porteur d’espoir sa conception de l’Etat des institutions à Bayeux, première ville à être libérée par les Alliés en 1946 suite au débarquement en Normandie. De Gaule, en tant que symbole de la résistance devant l'occupant allemand dès 1940, acquiert une légitimité sans appel. Il garde le silence depuis sa démission, décide à cette occasion de faire sa réentrée politique, au regard d’une observation empirique du fonctionnement des institutions. La France se trouvant sans gouvernement, une seconde constituante est sur le point de se réunir. Ainsi, le général en profite pour proposer ce que doit être la constitution du peuple français d’après guerre face aux évènements. Fort de son constat des dysfonctionnements de la IIIè République, ce discours offre une nouvelle vision d’organisation institutionnelle. Il est dès lors nécessaire de donner à la France un véritable régime de séparation des pouvoirs adapté aux mœurs politiques. De Gaulle souhaitant de cette façon légitimer l’exécutif qui sera retranscrit dans notre Constitution actuelle ainsi que restaurer une Etat fort capable de réagir aux situations de crise. Ainsi, ce discours présente un double intérêt en ce que d’une part, il s’illustre en complète opposition avec les régimes précédents (I) ; et ce que d’autre part, il pose les bases de la