Commentaire bergson
Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience.
Les mots parviennent-ils à représenter les choses avec fidélité ? S'ils sont, par leur fonction de permettre la communication, faits pour donner un sens aux objets, aux sentiments ou aux émotions, parviennent-ils cependant à en exprimer la complexité et la mutabilité ? Peuvent-ils s'adapter aux aléas des sensations ? C'est justement ce problème du rapport du langage à la variabilité du réel qu'aborde Bergson dans ce texte. Plus précisément l'union entre le mot qui est immobile et commun (car il sert à communiquer) et la sensation qui est personnelle et changeante. Ainsi, Bergson s'interroge sur le rapport entre les deux, sur leur nature indépendante, sur leurs fonctions et leurs effets l'un sur l'autre. Le raisonnement s'effectue en trois temps. Dans un premier temps, Bergson explique pourquoi nos sensations nous paraissent constantes. Dans un second, il expose le caractère captieux du langage qui nous trompe puisqu'il est inapte à suivre le mouvement et la variabilité de nos sensations et dans un troisième et dernier temps. Enfin, il tourne le processus de création de mots censés représenter plus justement les sensations en cercle vicieux.
Dans le texte de Bergson, on se rend très vite compte que la sensation est changeante par nature. Toutes les sensations sont touchées et l'homme ne semble pas pouvoir y échapper, tout comme il ne peut échapper au langage. L'universalité de ces modifications est exprimée par le « me », par lequel l'auteur se met à la place du lecteur. Cependant l'état entre l'avant-modification et l'après-modification n'est pas perceptible au départ. Par exemple, nous avons pu attribuer un sentiment tel que l'amour à une certaine personne, en la considérant avec cette seule propriété, alors que de jours en jours nos sentiments ont pu être faits de tendresse, d'un désir passionné ou d'un amour platonique, soit de différentes émotions. Cette succession