Seconde commentaire composé Tartuffe, Acte I, scène 4
Dernière scène de l’acte I. Orgon héberge chez lui un homme particulièrement pieux, Tartuffe, en qui il a placé sa confiance : ses qualités religieuses et sa pauvreté l’ont attendri et il a décidé d’en faire son ami. En réalité, cet homme est un imposteur qui simule la dévotion pour s’emparer des biens d’Orgon. Dorine, la servante, l’a percé à jour et tente d’éclairer son maître.
ORGON, CLEANTE, DORINE
ORGON
Ah ! mon frère, bonjour.
CLEANTE
Je sortais, et j’ai joie à vous voir de retour.
La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie.
ORGON, à Cléante
Dorine… Mon beau-frère, attendez, je vous prie.
Vous voulez bien souffrir, pour m’ôter de souci,
Que je m’informe un peu des nouvelles d’ici ?
(à Dorine)
Tout s’est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte ?
Qu’est-ce qu’on fait céans ? comme est-ce qu’on s’y porte ?
DORINE
Madame eut avant-hier la fièvre jusqu’au soir,
Avec un mal de tête étrange à concevoir.
ORGON
Et Tartuffe ?
DORINE
Tartuffe ? il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille.
ORGON
Le pauvre homme !
DORINE
Le soir, elle eut un grand dégoût
Et ne put au souper toucher à rien du tout,
Tant sa douleur de tête était encor cruelle.
ORGON
Et Tartuffe ?
DORINE
Il soupa, lui tout seul, devant elle,
Et fort dévotement il mangea deux perdrix
Avec une moitié de gigot en hachis.
ORGON
Le pauvre homme !
DORINE
La nuit se passa tout entière
Sans qu’elle pût fermer un moment la paupière ;
Des chaleurs l’empêchaient de pouvoir sommeiller,
Et jusqu’au jour près d’elle il nous fallut veiller.
ORGON
Le pauvre homme !
DORINE
Pressé d’un sommeil agréable,
Il passa dans sa chambre au sortir de la table
Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain,
Où sans trouble il dormit jusques