Commentaire composé- les deux coqs, la fontaine
« Je chante des héros dont ésope est le père » écrivait La Fontaine dans le premier recueil de ses Fables. Cette affirmation permet de mieux apprécier le texte intitulé « Les Deux Coqs » dont le sujet est précisément inspiré d'Esope. Le fabuliste y narre une querelle de basse-cour en faisant référence à la mythologie antique. Il paraît ainsi renouer avec les origines de la fable qui se voulait, jadis, un récit légendaire.
Le combat qui oppose les deux coqs est cependant l'objet d'une narration parodique et burlesque dont le fabuliste nous invite à tirer une leçon.
I. UN RECIT BURLESQUE
Une transposition parodique
Dès les premiers vers du texte, La Fontaine fait référence à L'Iliade d'Homère en comparant le conflit des deux Coqs à la guerre de Troie ; les volatiles de la fable se livrent, en effet, un combat sans merci pour une Poule, comme jadis le roi grec Ménélas et le Troyen Pâris s'affrontèrent pour la belle Hélène ! Cette transposition d'un épisode de la mythologie grecque est évidemment parodique. La fable de La Fontaine ne s'apparente à l'épopée, genre poétique destiné à célébrer les exploits des héros et des dieux, que pour railler les vaines prétentions des gallinacés qu'elle met en scène. Le burlesque consiste ainsi à transformer l'épopée antique en une vulgaire querelle de poulailler.
2. Un style héroï-comique
La Fontaine recourt ironiquement au style élevé de la poésie épique pour ridiculiser les personnages qu'il met en scène. Le champ lexical de la lutte (« guerre » v. 2 ; « querelle envenimée » v. 4 ; « combats » v. 6 ; « victoires » v. 20), les allusions à la mythologie (v. 1 à 10) ou l'apostrophe au dieu Amour (« amour, tu perdis Troie », v. 3) confèrent au combat de deux Coqs une grandeur insolite et cocasse. Le fabuliste pousse l' ironie jusqu'au pastiche, (imitation de la manière d'écrire d'un auteur). En qualifiant la Poule de la fable d' Hélène au beau plumage (v. 9) le poète recourt, en effet, à l'épithète