Commentaire de la lettre de renan
Le texte de Renan (1823-1892) est une lettre (communication épistolaire) qu’il adresse à sa sœur Henriette, désignée par l’apostrophe « ma chère amie » (cf. la fonction conative de R. Jakobson). Il y décrit les conséquences de l’insurrection des ouvriers, en juin 1848, contre le gouvernement bourgeois qui a chassé le roi Louis-Philippe du pouvoir, la même année. C’est pourquoi, seule une contextualisation socio-historique des événements est à même d’éclairer le sens de certains référents (l’échafaud, la Terreur, les guerres de religion…). Dans une perspective de réception, la compréhension de tout texte, de surcroît le texte littéraire, mobilise, outre une compétence linguistique indispensable, une compétence encyclopédique (culturelle, référentielle).
Une énonciation discursive
L’énonciation épistolaire est une énonciation fondamentalement discursive, dans la mesure où elle se caractérise par une intensification de la relation entre les interlocuteurs de l’échange. D'un point de vue énonciatif, l'énonciateur (l'auteur) s'implique fortement dans son discours, et sa présence est dénotée par diverses marques dont l'emploi des déictiques personnels et des possessifs de 1ère personne : ma – nous - j' - mes. La date de la rédaction de la lettre, et qui constitue le premier élément péritextuel, fonctionnant comme un déictique temporel (1er juillet 1848), ainsi que l’évocation de Paris (déictique spatial), lieu de l’insurrection populaire et de sa répression, constituent les paramètres de la scène d’énonciation telle qu’elle est mise en œuvre dans le texte. En outre, l’énonciation discursive se caractérise par l’usage du système temporel du discours (au sens benvenistien du terme) qui s’organise autour du présent de l’énonciateur : est – a – caractérisent – font…Les autres temps sont également employés : le futur simple (laissera) ainsi que le passé composé (a succédé ; a prouvé). Il s’agit pour Renan de