Commentaire "de natura rerum" (v 925-944)
De natura rerum (v 925-944), LUCRECE
Poète romain, philosophe et épicurien, Lucrèce illustre l'ensemble de ces qualités dans son oeuvre "De natura rerum", narrant par la poésie les premiers temps du monde et des hommes. Il n'est fait état ici d'aucune allusion divine quant à leur création, et c'est un objectif philosophique que l'auteur semble rechercher. Toutefois l'utilisation de l'héxamètre dactylique et de maints effets de style se prête à une certaine nécessité artistique.
Quelle vision du monde Lucrèce nous fait-il parvenir au travers d'une volonté à la fois lyrique et rationaliste?
Une terre bienfaitrice et créatice est placée au premier plan, assistant un genre humain cependant forgé au gré des difficultés subies. L'auteur jongle donc entre poésie et nécessité philosophique afin de décrire cette "jeunesse du monde".
A de multiples reprises, Lucrèce élève la Terre au rang d'entité créatrice, et le verbe "créer" (creo, avi, atum, are) est utilisé à deux reprises dans l'extrait : "creasset" (v 927) et "crearat" (v 937). Dans la proposition "tellus quod dura creasset", signifiant "que la terre avait créé"(v927), le verbe "creasset" est conjugué au plus-que-parfait et atteste l'ancienneté du sujet "tellus" (la terre), lui-même mis en exergue par l'utilisation du subjonctif et du pronom relatif "quod". La terre occupe donc une place au premier rang chez Lucrèce.
Son importance est également justifiée par sa fonction « d'origine des ressources ». La proposition "pabula dura tulit" (v 944) (elle donna de rustiques paturages) ou "Quod sol et imbres dederant" (v 937) (Ce que le soleil et la pluie avaient donné) conforte la Nature dans son rôle de donatrice, les verbes "tulit" (elle donna) (v 944), "dederant" (v 937) (ils avaient donné) ou le mot "donum" (le don) (v938) appartenant au réseau lexical du don. Ces présents semblent suffisants, comme nous le révèle l'adjectif "ampla" (v 944), voire abondants. Ce sentiments est traduit par les mots