Commentaire de l'épilogue de L'Etranger, A. Camus
L’extrait constitue l’épilogue de L’Etranger, paru en 1942. Peu de temps avant son exécution, Meursault reçoit un aumônier dans sa cellule qui tente de le réconforter et de lui offrir le repentir. Mais ses paroles de rédemption mettent Meursault hors de lui. Après une longue et terrible révolte, Meursault a une révélation qui lui permet enfin de trouver le bonheur. En quoi cet épilogue fait-il de Meursault une sorte de héros moderne de l’absurde, au sens où A. Camus l’entendait ?
Nous tenterons de voir comment, en découvrant dans ce monologue tragique toute l’absurdité de la condition humaine, Meursault parvient à la paix et à l’acceptation de soi.
I / Un monologue tragique.
Le passage présente tous les éléments caractéristiques du monologue : un personnage au destin tragique, confiné dans la solitude de sa cellule, médite sur son sort peu avant son exécution.
A. Une construction très rigoureuse du passage
- Une construction en diptyque (deux parties) qui s’articule autour de la présence et de l’absence de l’aumônier qui représente ici autrui, mais aussi Dieu c’est-à-dire une vision du monde dominée par le sens du salut : deux paragraphes très nettement séparées dans l’extrait : « alors, … » et « lui parti, j’ai retrouvé mon calme » .
- C’est l’opposition entre l’homme confronté à autrui, ou plus exactement à l’envoyé de Dieu et l’homme seul qui en renonçant à l’explication transcendantale de l’existence, doit du même coup accepter un monde dénué de signification, ( ce que Camus appelle « la conscience de l’absurde »).
- Cette construction permet également de distinguer deux narrations sensiblement différentes. La première partie se développe au discours indirect libre et fait entendre la voix même de Meursault, rendant sa révolte encore plus vibrante, plus violente. La deuxième, plus apaisée, fait entendre tout le lyrisme du personnage. On note par ailleurs une recherche d’effet de réel très net avec notamment