Ce texte est un extrait du discours d’investiture prononcé par Georges Clemenceau devant l’Assemblée du Sénat, le 20 novembre 1917, soit quelques jours seulement après sa nomination comme président du conseil, le 16 novembre. Lorsqu’il rédige ce discours, Georges Clemenceau a 76 ans et il a une longue carrière politique derrière lui, puisqu’il entra au gouvernement en 1871, sous la Commune, comme député. Il est également reconnu pour son rôle joué dans l’affaire Dreyfus, dans laquelle il prend parti en faveur de l’accusé. Il n’est donc pas méconnu de l’opinion publique, qui va pousser Raymond Pointcarré, alors président de la République, à faire appel à Clemenceau pour occuper les charges importantes de président du conseil et de ministre de la guerre. En effet, il apparait aux yeux de tous, comme étant « l’homme providentiel » pour résoudre la situation difficile que connait la France cette année-là, du fait de ses connaissances diplomatiques et militaires, mais aussi et surtout parce qu’il incarne l’image d’un homme fort, et déterminé par ses convictions républicaines ; son mot d’ordre est « vaincre ou mourir ». Ce discours doit son caractère ferme et autoritaire au contexte de crise dans lequel est plongée la France durant l’année 1917. La guerre est commencée depuis 3 ans, et la victoire semble difficile, voire impossible. Plusieurs évènements annonçaient une fin proche de la guerre, tels que la révolution russe, l’entrée en guerre des Etats-Unis ou encore la proposition de paix de l’Allemagne en 1916. Et pourtant, les combats continuent. Les soldats, découragés, se rebellent et n’obéissent plus aux ordres. On entre dans la période dite de « mutineries » ; les hommes ne veulent plus combattre. A l’arrière, c’est le même refrain, la population est découragée, et très affaiblie par la guerre. Elle doit faire face à beaucoup de contraintes et de sacrifices tels que la hausse des prix, la restriction alimentaire ainsi un travail intensif pour tenter de combler le