Commentaire du poème "le crapaud" de corbière
Révélé par Verlaine, Tristan Corbière est un poète de la deuxième moitié du 19eme siècle. Son recueil poétique "Les Amours Jaunes" associe lyrisme et dérision comme le suggère le titre. Lui-même laid, rachitique et très malade, T. Corbière nous propose dans "Le Crapaud" l'autoportrait tragique et ironique d'un "poète maudit". Nous montrerons d'abord comment ce poème surprenant suggère un univers étrange et chaotique, pour nous intéresser ensuite à l'allégorie du poète développée par les images du crapaud et son chant symbole de la poésie.
Tout d'abord, la forme surprenante du poème, la syntaxe déroutante et l'atmosphère nocturne et sonore inquiétante suggérée dans le poème créent un univers étrange et chaotique. En effet, ce poème se présente comme un sonnet inversé avec deux tercets et deux quatrains, mais il semble respecter le principe classique des rimes embrassées dans les quatrains (même s'il y a quatre rimes différentes au lieu de deux : -eur / -èl(e) / -oi / -ièr(e) ) et des rimes plates au début des tercets suivies de rimes embrassées. De plus, le dernier vers du poème, particulièrement mis en valeur, car détaché par la ligne des pointillés qui le précède, est bien la chute traditionnelle d'un sonnet car c'est lui qui révèle qui se cache derrière le "Crapaud". A cette forme étonnante de sonnet inversé, tourné en dérision, s'ajoute une syntaxe elle aussi très troublante. La plupart des strophes et des vers sont constitués de phrases nominales, souvent très brèves, avec des éléments juxtaposés, comme par exemple aux vers 1, 4 et 5. On note d'ailleurs une ambiguïté aux vers 2 et 3 due à l'absence de ponctuation : le terme "plaque" peut être un nom apposé au mot "lune" et serait alors une métaphore de l'astre, ou alors un verbe qui aurait pour COD le vers suivant. Le sens reste donc obscur et la 1ère strophe assez mystérieuse. La ponctuation est aussi très présente : les nombreux