Commentaire du texte de gustave flaubert extrait de madame bovary
Madame Bovary, 1857
Madame Bovary, publiée en 1857 provoque le scandale et l’incompréhension à tel point que le livre fait l’objet d’un procès public. Le roman peint le désenchantement qu’éprouve une jeune femme, Emma, mariée à un médecin de la campagne rouennaise un peu fruste.
Elle songeait quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en aller vers ses pays à noms sonores où les lendemains de mariage on de plus suaves paresses ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas ers routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochettes de chèvres et le bruit sourd de la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seules et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la Terre devaient produire du bonheur comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part.
Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d’un habit de velours noir à longues basques, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes !
Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu’un la confidence de toutes ces choses. Mais comme dire un insaisissable malaise, qui change d’aspect come les nuées, qui tourbillonnent comme le vent ? Les mots lui manquaient donc, l’occasion, la hardiesse.
Si Charles l’avait voulu cependant, s’il s’en fût douté, si son regard, une seule fois fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu’une abondance subite se serait détachée de son cœur, comme tombe la récolte d’un espalier quand on y porte, la main. Mais, à mesure que se serrait