Commentaire - Illusions Perdues
Parmi les grands auteurs du XIXème siècle, Honoré de Balzac fait figure de précurseur, en ce sens, que contemporain des romantiques, il imagine de construire une œuvre qui se ferait le reflet de la société moderne qui émerge, en ce début du XIXème. En effet, décidé à se faire ‘‘le secrétaire de l’état civil’’ de son temps, il conçoit une vague fresque qu’il intitule « La Comédie Humaine », où tous les romans du grand œuvre seront reliés par le principe de réapparition du personnage. Parmi ces personnages reparaissant, Vautrin est au cœur d’un cycle de trois romans qui, par certains aspects, sont tous des romans d’apprentissages : « Le Père Goriot » (1834) ; « Illusions Perdues » (1843) ; « Splendeurs et misères des courtisanes » (1844). Mais, là où Eugène de Rastignac repoussait la leçon du forçat, Lucien de Rubempré, dans Illusions Perdues, y prêtera oreille. Ainsi, c’est à l’heure où Lucien de Rubempré a perdu toutes ses illusions de gloires littéraires, alors qu’il s’est rendu coupable de malversation financière, qu’il a compromis l’avenir de son beau-frère que surgit Vautrin sous l’identité de l’abbé Carlos Herrera juste à temps pour l’empêcher de se suicider. Dès lors, Lucien, désespéré, ne peut que prêter oreille attentive à la leçon de ce maitre en cynisme qu’est Vautrin, incarnation qu’il est d’une vision de la société d’une lucidité inquiétante. Aussi la leçon du maître apparait-elle comme une leçon d’immoralité destiné à convaincre Lucien que les valeurs du nouveau monde qui se crée est celles du jeu de rôle et du mensonge. Cependant, si la leçon ne laisse pas d’être lucide, elle revêt pour le jeune Lucien, comme pour le lecteur, une dimension de plus inquiétante.
I. La leçon d’immoralité de Vautrin
1. Vautrin en professeur
Dès le début, Vautrin se pose en professeur, en personnage d’autorité. Il utilise le présent de vérité générale et la sentence « La morale, jeune homme, commence