Commentaire le pain ponge
Le parti pris des choses F. Ponge
" La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. "
Le pain est peut-être l’objet le plus courant dans l’histoire humaine : ne parle-t-on pas couramment – dans la religion chrétienne – du « pain quotidien» ? Aliment de base de notre civilisation et produit de consommation ordinaire. Sur cette chose humble Ponge exerce scrupuleusement son attention de poète pour que notre perception en soit modifiée : le pain, vu de « parti pris », c’est-à-dire magnifié par le poème et son langage devient parti prenante du monde.
Ponge exerce dans ce poème un véritable travail de pédagogue. Dans la scolarité primaire, on pratiquait, à partir de l’observation méthodique d’éléments pris dans l’environnement immédiat de l’écolier, ce qu’on appelait alors « leçon de chose ». Ponge reprend cette tradition et propose une leçon sur le pain.
Nous pouvons observer que les 4 paragraphes du poème sont très bien agencés, découpés selon l’unité de chacun et la progression de l’ensemble. On part du plus visible au moins visible : de la