Commentaire "Le souvenir m'est apparu"
Cet extrait est l'emblème de l'œuvre. c'est le plus célèbre
Ce texte de Proust porte sur le travail de la mémoire ; le narrateur cherche à élucider l’impression de bonheur que lui a donné le goût de la madeleine trempée dans le thé. Le narrateur tente de remonter à la source de cette joie pour parvenir à l’expliquer, à en trouver la source. Il sent en lui quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever ; il éprouve la résistance et il devine que, ce qui palpite ainsi au fond de lui, ce doit être l’image, le souvenir visuel lié à cette saveur.
Le souvenir inconscient est tapi dans des profondeurs ignorées du narrateur, et son élucidation se produit « à la surface », celle du moi conscient. Proust fait ce que nous faisons lorsque, regardant une photographie, nous imaginons - grâce à elle - la scène qu'elle représente. Nous n'observons pas la photo pour elle-même, mais elle nous sert de représentation, elle nous représente au sens strict (rendre présent) une scène que nous avons vécue par exemple, et permet ainsi de faire remonter des souvenirs parfois enfouis en nous.
Ce texte est à rapprocher avec le début de La Recherche du temps perdu, Le Temps retrouvé, où réapparaît le souvenir de la madeleine.
En écrivant « A la recherche du temps perdu » et en se projetant à travers un narrateur romanesque qui donne à l'œuvre une dimension autobiographique, Marcel Proust signe le chef d'œuvre de sa vie. L'extrait que nous étudions est tiré du premier tome de la Recherche et présente le tout premier phénomène de réminiscence du souvenir qui donnera au texte intégral de Marcel Proust tout son sens et à la littérature un véritable symbole. Nous verrons comment l'écriture va permettre de transcrire le goût du souvenir et de rendre compte d'une quête personnelle.
I L'analogie entre deux sensations provoque l'émergence du passé dans le présent
a) Un pénible effort de remémoration
• Ligne 34 à 41 : témoigne de la pénibilité du