Commentaire : les caractères, la bruyère
Tout d’abord, nous pouvons dire que ce récit relève de la satire par le portrait d’un glouton. Gnathon, signifiant en grec « mâchoire », ne semble vivre que pour manger. En effet le texte évoque le champ lexical de la nourriture par les mots « plat » (l.3), « mets » (l.5), « ragout » (l.9) ou encore par la répétition du verbe « manger » (l.7, 10, 11). Le tout est mêlé à des asyndètes dans l’accumulation de ses actions comme lorsqu’il est dit : « Il mange haut et avec grand bruit ; il roule les yeux en mangeant ; la table est pour lui un râtelier ; il écure ses dents » (l. 10-11), cela provoque l’impression d’une attitude très mécanique créant ainsi de la répulsion et du dégout chez le lecteur. Ces deux sentiments sont appuyés par la « malpropreté […] dégoutante […], capable […] d’ôter l’appétit aux plus affamés » (l.8) de ces aliments que La Bruyère présente sous forme d’antithèse. Pour finir, l’auteur dénonce et critique l’attitude de Gnathon par son animalisation dans sa façon de manger lorsqu’il « ne se sert […] que de ses mains » (l.5) ou encore qu’il « écure ses dents » (l.11). De par cette attitude, La bruyère révèle le véritable défaut de son personnage qui est l’égocentrisme.
On peut maintenant évoquer le penchant égoïste de Gnathon qui va même jusqu’au solipsisme. Commençons par l’omniprésence du personnage dans le texte qui débute par : « Gnathon ne vit