Commentaire nuit de l'enfer rimbaud
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Le recueil Une Saison en Enfer d’Arthur Rimbaud retrace le parcours suivi par son auteur jusqu’à la perte et la folie, dont il se relève progressivement pour rejoindre la vraie vie. « Nuit de l’Enfer » illustre cette descente aux enfers via un délire hallucinatoire provoqué par le poison, mot polysémique, source des maux de l’écrivain. De fait, une tension religieuse imprègne ce poème en prose, elle est annoncée par le terme « enfer », contenu dans le titre. Rimbaud a d’ailleurs eu plusieurs hésitations quant au titre du recueil, tergiversant entre le Livre Païen ou le Livre Nègre. Par là même, ce poème s’appelait « Fausse Conversion » à son origine. En effet, Rimbaud expose le regret d’avoir lutté contre sa nature païenne en versant dans un mysticisme chrétien qui ne lui convenait fondamentalement pas. La résolution de ce dilemme se fait par le renoncement, le renoncement à la vérité. Selon Scepi, la saison est « la dénonciation de l’impouvoir épiphanique de la poésie, de son incapacité à atteindre la vérité » et par conséquent, le poète invite son lectorat à s’extasier avec lui. Ainsi, comment le balancement entre l’univers chrétien et l’univers païen invite-t-il le lecteur à s’extasier au cours d’un itinéraire fantasmatique ? D’emblée, le poète oscille entre un paganisme attractif et un christianisme décevant, qu’il détourne toutefois en un discours diglossique propre à déstabiliser le lecteur, visant enfin à inviter ce dernier à s’extasier, non sans une ironie latente.
De prime abord, le poète est traversé par des doutes religieux. L’univers chrétien le dispute à l’univers païen. Le christianisme est associé au poison qui entache le poète. S’ensuit un fantasme de la damnation que ce dernier ressent au quotidien. Cette tension semble alors désamorcée par l’humour empreint dans la parodie religieuse. Tout d’abord, le christianisme est vécu comme un