« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » dit Montaigne, écrivain des Essais du XVIème siècle. Il fut le premier à montrer la misère de l’homme sans Dieu, se basant notamment, comme nous pouvons le percevoir dans la citation, sur l’individualisme, la vanité de la nature humaine. Pascal, auteur du XVIIème siècle, tente de réfléchir sur cette misère dans les Pensées. Sur certains points, les idées des deux auteurs se rejoignent et notamment sur celui de la vanité. « Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà _ Quelle bonté que le trait d'une rivière fait crime » écrit Montaigne, tandis que Pascal reprend : " plaisante justice qu'une rivière borne : vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ". Mêmes formules, mêmes exemples, mêmes métaphores... leurs philosophies sont ici semblables. Pascal, dans son recueil de réflexion philosophique Pensées, entreprend une apologie du christianisme. Dans un temps de libre-pensée, Pascal tente de ramener les libertins à Dieu. Pour cela, il peint l’homme comme un être faible qui ne peut trouver la félicité sans Dieu. Dans l’extrait argumentatif étudié, l’auteur introduit le thème de la justice pour évoquer notre faiblesse, notre impuissance. Au travers d’une argumentation ironique qui recourt à l’exemple, Pascal condamne la vanité, l’individualisme de l’homme dans la justice. Ainsi, servi par une écriture démonstrative, héritée de la formation scientifique de son auteur, le texte se présente comme une argumentation fort élaborée au service de la prise de conscience du lecteur de sa misère. Nous allons nous demander comment, à travers différents procédés et le thème de la justice, Pascal arrive à peindre la misère de l’homme sans Dieu. Nous présenterons d’abord le discours contradictoire et ironique au service de l’argumentation puis la misère de l’homme montrée à travers la justice et enfin les moyens rhétoriques de persuasion.