Commentaire phedre acte 5 scene 7
Phèdre, acte V, scène 7 (et dernière)
En faisant représenter Phèdre en 1677, Racine revient au récit mythologique qu’avaient déjà repris Euripide et Sénèque : l’épouse de Thésée, frappée par Vénus, se prend d’une passion aussi irrésistible que condamnable pour son beau-fils, Hippolyte. Chez Euripide, Hippolyte donnait son titre à la tragédie (Hippolyte porte-couronne), et Racine, dans un premier temps, intitula sa pièce Phèdre et Hippolyte ; mais c’est finalement Phèdre qu’il retiendra, et ce choix, entre autres adaptations de l’intrigue, révèle une importance plus grande accordée à la « Brillante ». La scène 7 de l’acte V est la dernière de la pièce, et vient compléter le dénouement : maudite par Phèdre pour avoir calomnié Hippolyte auprès de Thésée, Oenone s’est suicidée, comme l’annonce Panope dans la scène 5 ; Théramène, lui, fait le récit de la mort horrible d’Hippolyte, qui est la conséquence de la malédiction envoyée par son père (scène 6). Dans la scène 7, Thésée est désespéré et en proie au doute quant à la culpabilité de son fils, et Phèdre, dont Panope a annoncé le désespoir et la folie, entre en scène pour enfin dire la vérité, et mourir du poison qu’elle a pris. La tragédie prend fin avec la réconciliation avec Aricie voulue par Thésée, juste après la mort de l’héroïne qui aura fait son dernier aveu. Pour savoir ce qui caractérise ce dénouement, et quelle est l’intention de Racine dans cette scène, nous étudierons d’abord les ambiguïtés de cette ultime comparution de l’héroïne devant son dernier juge, puis nous montrerons qu’il s’agit là d’un dénouement à la fois exemplaire quant aux règles imposées et unique dans l‘importance accordée à Phèdre. Enfin nous tenterons de cerner la visée morale et esthétique de cette scène : une synthèse des attentes et un défi poétique réussi.
I. ULTIME SCENE DE COMPARUTION : PATHETIQUE ET AMBIGUË
1) La comparution et la sentence : tribunal, aveu, condamnation
a) l’affrontement :