Phèdre, Racine

I. Un aveu dramatique (action, théâtral)
1) La stratégie d’Oenone

-Elle est possible par les liens très étroits entre Phèdre et Oenone, qui est sa nourrice : grande intimité dans leur relation mais aussi de hiérarchie (Phèdre supérieure), elle est respectueuse de sa supériorité (le fait de se mettre à genou : v.27)
-Les sentiments, l’affection sont utilisés (v.26). Questionnement : « Aimez-vous ? » (v.42). Elle emploie l’ordre avec l’impératif « Délivrez mon esprit de ce funeste doute » (v.28), « Oublions-les, Madame » (v.34). La menace (v.10-15), elle emploie aussi des reproches en référence au passé « Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés » (v.26). L’ensemble de cette stratégie est fondée sur un malentendu théâtral.

2) Le malentendu

-v.1-2 : Oenone parle d’un crime de sang et croit que Phèdre en subit les remords. Phèdre nie le crime de sang mais donne un indice : les mains sont innocentes mais pas le cœur (v.5). La réponse de Phèdre est synecdoque : elle se désigne par le cœur pour mieux se détacher de ce cœur coupable, elle vit un véritable déchirement. « Cœur » : foyer des sentiments, de l’amour d’après Phèdre/ courage (d’après Oenone)
-Le malentendu se nourrit du jeu de mot « cœur », il aboutit au v.8 qui concrétise l’impasse. Il n’y a pas de dialogue dans le texte.

3) Le poids de la fatalité

-Phèdre fait un retour sur le passé familial pour excuser sa propre faute : évocation de son hybris (sa mère Pasiphaé et sa sœur Ariane). Dans les v.32-37, Phèdre évoque la vengeance de Vénus qui a pesé sur toute son ascendance.
-Phèdre n’est pas libre, elle est condamnée par la longue histoire de sa famille frappée par une fatalité où se joignent passion et mort. On note un registre tragique dans ce passage.
-Phèdre est la dernière de sa famille. « Puisque Vénus le veut, je péris la dernière et la plus misérable » (v.40-41). Cela donne une portée très forte et particulièrement pathétique à cette déclaration qui