Commentaire ponge
« Le cageot », 1942
Texte étudié
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
Etude analytique
Introduction
Nous allons étudier un texte de Ponge intitulé « Le cageot », tiré du Parti pris des choses, en date de 1942. Au-delà de l’objet anodin, nous verrons comment l’auteur en instaurant un nouveau langage parvient à donner une dignité aux choses tout comme dans « Le pain », « L’huître », « La radio » etc. L’ensemble de ses proses poétiques se structurent sur le rapport des choses et des mots. Par l’étude de l’unité thématique et formelle, nous étudierons la façon dont le poète nous offre une véritable leçon de choses.
I – Un texte fermé sur lui-même
La structure du texte est fermée sur elle-même à plusieurs niveaux. Nous constatons dans un premier temps, une unité thématique. Le rapport est cohérent entre le texte et le titre. Ce dernier est en effet bien annonciateur du concept qu’il évoque. Nous avons ensuite trois paragraphes de longueur similaire et chacun commence par un « A ». Il y a retour à un point de départ. Le même observateur revient sur le même objet. L’unité transparait également au stade de l’énonciation puisque la formulation est impersonnelle, le pronom personnel « je » est inexistant.
L’unité textuelle ou formelle