commentaire stendhal
Le champ de bataille devient, sous les yeux de Fabrice, une « grande pièce de terre labourée ». Le « fond des sillons », « plein d’eau », la terre, « fort humide », le sang qui coule « dans la boue » : autant de détails prosaïques qui révèlent un champ de bataille surprenant pour le héros. C’est un
« champ jonché de cadavres », des « cadavres … vêtus de rouge ». La reprise du terme « champ », sans son complément attendu (de bataille), est porteuse d’une certaine ironie. La répétition du mot « cadavres », ainsi que le mélange entre le sang et la couleur de l’uniforme, devenus indissociables l’un de l’autre, insistent sur l’aspect bien réel, très concret, de la scène.
Même effet avec le détail sur « le cheval tout sanglant » qui se débat, là encore, « sur la terre labourée », et « dans ses propres entrailles ». Avec ce cheval mourant et à terre, Stendhal renverse l’un des éléments habituels du tableau épique : le cheval au galop, emportant son cavalier vers la gloire.
Cette horreur généralisée, il n’y a guère que le héros pour s’en offusquer : le narrateur suggère qu’il est normal que les soldats passent à côté des blessés
(« beaucoup … vivaient encore, ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s’arrêtait pour leur en donner »). L’emploi de l’adverbe « évidemment » emblématise cette volonté de donner à voir plutôt que de peindre la guerre, c’est-à-dire de la montrer telle qu’elle est, dans toute son horreur, sans lyrisme ni place pour la pitié. La voix du narrateur, qui se fait entendre ici, marque également l’écart entre la