Contrairement à la science qui se borne à ce qu'elle peut atteindre méthodiquement et rationnellement, la religion prend en compte l'ensemble des désirs et des inquiétudes des hommes ; elle nourrit croyance et espérance, rendant l'existence moins angoissante. Mais cette consolation n'est-elle pas illusoire ? Dans un texte portant justement sur la religion, Lucrèce soutient l'idée que le divin n'est qu'une création humaine, dont il essaie justement d'expliquer l'origine. Rappelons que ce texte a été écrit à l'époque sanglante du Ier siècle av. J.-C. : massacres, révoltes, tentatives de coup d'état … De la nature a donc été écrit dans un contexte pessimiste propice à la mort, la peur, et ainsi à l'antireligion. Cet écrit pose le problème de savoir qu'est-ce qui a poussé l'homme à croire aux dieux. De deux choses l'une : ou bien on estime que les divinités existent réellement, qu'elles ont prouvées leur existence par diverses manières en des temps supposés reculés et donc que leur culte est justifié, ou bien on rejoint l'auteur et on affirme que les hommes ont fabriqué de toute pièce les dieux. Il en va de l'évaluation de l'existence du divin, de « dieux » pour Lucrèce, mais plus communément de « Dieu » pour notre société. L'enjeu de ce texte est donc tout bonnement d'essayer de répondre à la simple question qui a fait couler tant d'encre : pourquoi l'homme croit-il en Dieu ? Dans un premier temps [l.1 à 4], l'auteur nous expose son problème tout en nous montrant l'étendue de la religion sur terre ; puis dans un second temps [l.5à13], il débute son argumentation en accusant l'imagination d'être à l'origine du divin ; et enfin dans un dernier temps [l.13à21], il dénonce la faiblesse de l'homme qui croit aux dieux car incapable d'expliquer les phénomènes l'environnant.

Dans une première partie [l.1à4], l'auteur formule deux questions qui à la fois nous expose son problème, mais qui nous donne aussi une idée de l'influence de la religion sur les hommes. En effet