Commentaire d'un extrait de la nuit et le moment, crébillon fils
Texte 43. Crébillon fils : La Nuit et le Moment (1755)
Le libertinage apparaît au XVIII° siècle, avec la Régence : on passe d’une période austère à une période de liberté en faveur des aristocrates oisifs. Les personnages de La Nuit et le Moment, Clitandre et Cidalise, font partie de cette classe sociale. Cette pièce est parue en 1755, après que son auteur, Crébillon fils, ait travaillé près de 20 ans dessus. Dans cette pièce, Clitandre raconte à Cidalise, sa nouvelle conquête, ses six exploits précédents. Clitandre nous présente dans cet extrait cette nouvelle philosophie, apparemment synonyme de plus de liberté. Il s’agit d’un dialogue dans lequel Clitandre fait un monologue. Dans ce texte argumentatif, Clitandre plaide en faveur du libertinage, avec sa théorie de l’amour goût, afin d’obtenir les faveurs de Cydalise. Nous pouvons donc nous demander de quelle façon il fait apparaître l’amour goût comme meilleure philosophie que celle de l’amour. En effet, il présente l’amour comme un sentiment illusoire et contraignant, contrairement à l’amour goût qui, provoquant les mêmes agissements, est un retour au vrai, et devient finalement synonyme de simplicité et de liberté.
Clitandre présente le sentiment amoureux comme illusoire. On peut le voir au milieu de son paragraphe, lorsqu’il utilise la question rhétorique pour le qualifier de « désir exagéré ». Il prétend que ce sentiment est un prétexte pour justifier des actes dont nous ne connaissons pas la raison (« sans connaissance de cause », lignes 15-16), aux lignes 27 et 28. Il utilise le champ lexical de l’illusion pour parler de l’amour : « paraître » ligne 17, « prétention » au sens de prétendre à la même ligne, et le verbe croire, qui est utilisé aux lignes 13 et 27 en opposition au savoir présent : « avant que nous sussions raisonner si bien » ligne 14, « on sait » ligne 26. Il dément le côté vertueux de l’amour, aux lignes 16 et 20, lorsqu’il dit que « nous n’étions pas plus estimables » et