Commentaire d’ariette iii, verlaine
Romances sans paroles, « Ariettes oubliées », titres du recueil de Verlaine et de la section dont est extrait le poème « Ariette III », signalent le désir de placer la poésie sous le signe de la musique. Dans son Art poétique, il nous l’avait déjà signifié.
Avec Rimbaud, Verlaine va comprendre que la poésie est autre chose qu’une œuvre d’art, qu’un parcours esthétique, qu’elle est l’investissement de tt l’être, action, et qu’elle exige un total don de soi, une plongée dans l’inconnu. Ce poème s’intitule « Ariette » mais n’a pas de titre précis puisque seule sa 3ème position dans la section le caractérise. En fait, ce poème est d’un rythme assez rare. Il est fondé sur le jeu des sonorités mais dont la nuance psychologique rappelle combien elle est importante pour l’inspiration verlainienne.
L’originalité de ce poème repose en partie sur sa musicalité mais ce sont d’abord les correspondances entre un état d’âme et le paysage qu’il convient d’analyser. Nous verrons que cet état d’âme est loin d’être la figuration d’un lyrisme personnel mais qu’il ns permet de plonger au plus profond de nous-mêmes.
I – L’association d’un état d’âme au paysage
IP : Ce poème repose sur la correspondance entre un état d’âme et un lieu. Cette correspondance est accentuée par la reprise de la même tournure impersonnelle, « il pleure » et « il pleut ».
1) Une syntaxe associée au mystère du poème
Syntaxiquement, le pronom de la 3ème personne, « il » ne peut pas être un impersonnel avec le verbe « pleurer ». Dans un premier temps on se demande donc ce que représente ce « il ». Mais le vers suivant permet d’accepter la distorsion syntaxique. « Il pleut », dont les sonorités sont proches de « il pleure », fait comprendre les deux « il » comme des impersonnels, c’est-à-dire des sujets grammaticaux qui n’ont pas de réalité sémantique. Cette trouvaille syntaxique est un moyen de montrer à quel point paysage et état d’âme peuvent se mêler dans la sensibilité